L'ancienne distillerie Toto en grand péril !

par Equipe de campagne
Affichages : 1463

La réhabilitation du patrimoine historique sur Capesterre-de-Marie-Galante revêt une grande importance aux yeux des membres de la liste de l’Union capesterrienne. Nous l’avons déja évoqué au sujet du quartier de Bézard, où le célèbre moulin endure une lente et triste agonie. Il ne s’agit hélas pas du seul site, hautement symbolique mais aussi à fort potentiel touristique, concerné par le phénomène. Car que dire de la distillerie Toto, située dans le quartier de Dugay-Marécage ? À pourtant guère plus de cent mètres de la route, elle est aujourd’hui totalement invisible et surtout ignorée de tous. Il faut s’approcher très près et écarter les branchages pour s’apercevoir qu’une distillerie exista ici. La végétation n’a pas seulement repris ses droits comme le veut la formule consacrée, elle envahit tout, elle ronge tout, elle détruit tout, l’ancienne habitation et tous les éléments de machinerie… Les photos récentes (prises le 8 décembre dernier) qui illustrent cet article en attestent, nous sommes face à une situation alarmante.

C’est d’autant plus regrettable que cette exploitation a une longue et belle histoire, une de ces histoires qui justement forgent le patrimoine de Capesterre et de Marie-Galante, une histoire multiséculaire qui mérite d’être contée, même brièvement. Littéralement entourée de champs de canne à sucre, également appelée habitation Dugay, ses origines remontent au XVIIIe siècle. La famille Toto commença à l’exploiter au début du siècle dernier, à partir de 1906, se consacrant d’abord à la production de sirop de batterie. Puis, en 1926, les gérants l’équipèrent pour en faire une distillerie. Malheureusement, deux ans plus tard, le terrible cyclone de 1928 réduisit leurs efforts à néant en détruisant en grande partie le site dont le moulin. Mais la distillerie se releva progressivement, et en 1939 les propriétaires entreprirent de gros travaux. L’habitation fut entièrement refaite à neuf, la machinerie rachetée et reconstituée (moulin broyeur, moteur, foudre, chaudières…, tout ce qui subsiste date sans doute de la restructuration de 1939), et la production repartit. On y trouvera du rhum vendu sous la marque « Le Salut » jusque dans les années 1980, et l’établissement cessera ses activités en 1987.

Même si nous ne disposons pas de photos de cette époque, il se pourrait bien que la distillerie se trouve à peu près dans le même état qui fut le sien après le passage du cyclone de 1928. Pourtant, cette catastrophe ne l’empêcha pas de renaître (un autre cyclone fit également des dégâts en 1956). Certes, la reprise en 1939 était alors commandée par un objectif économique. Aujourd’hui, l’objectif est double : sauver à la fois le patrimoine et l’économie en attirant les touristes sur de tels sites historiques. Cela n’a rien d’utopique et cela fait bien partie des objectifs de Betty Besry et de ses colistiers, la conférence tenue à Bézard le 4 mars le démontre. Nous vous invitons d’ailleurs à voir ou revoir sur notre chaîne YouTube les principaux extraits du discours de Betty à ce propos ce 4 mars :

Demain (si la météo le permet !), nous réaliserons un reportage vidéo sur le site de l’ancienne distillerie Toto, que nous diffuserons sur notre chaîne YouTube.
Texte et photos : © Daniel Léon (sauf mention).